Le château de la Roche-Jagu a pour sa partie la plus ancienne été construit à la fin du
Moyen Âge et la façade sur la rivière assurait la défense par son chemin de ronde avec mâchicoulis. Le logis est constitué d'un seul corps de bâtiment en profondeur dont l'entrée
se fait par une porte surmontée d'une niche. Le premier étage possède encore ses fenêtres à meneaux mais le second étage placé en retrait et la toiture ont été très
remaniés.
Il avait deux vocations : il était tout à la fois une résidence de prestige et un
ouvrage défensif. Il ne fut toutefois pas le premier à s'asseoir sur les rochers dominant une courbe du Trieux. Cette spécificité fera de l'endroit, un site idéal pour observer le
trafic maritime entrant loin dans les terres mais aussi une place-forte plus facilement défendable.
La première citadelle connue y fut érigée au 11ème siècle, par une famille dont le nom
sera toujours attaché à ce domaine. Elle s'éteindra à la fin du 14ème siècle, transférant de fait la propriété au domaine ducal dépendant de Jean IV de Montfort. Le fort deviendra
alors le siège d'une garnison puis sera entièrement détruit au début du 15ème siècle.
Catherine de Troguindy deviendra propriétaire de ces terres et entreprendra la
construction du château actuel, à partir de 1405. Cette nouvelle forteresse ayant l'heurt de déplaire à Marguerite de Clisson qui présidait alors aux destinées d'un autre château,
celui de Châteaulin-sur-Trieux situé en amont sur les terres de Pontrieux, elle fera emprisonner les ouvriers du chantier en 1407 ! Il faudra l'intervention du duc de Bretagne
pour mettre fin à ce conflit et autoriser enfin le parachèvement du château de La Roche-Jagu peu avant le décès de Catherine de Troguindy, en 1418. Achevé en 1420, le château et
son domaine passeront ensuite successivement dans les mains de diverses familles (Du Parc, Kersaliou, Treal, Kerimel, Penhoët, Coëtmen, Acigné, Plessis-Richelieu et de Fronsac, de
Tressan), jusqu'à la Révolution. Au 18ème siècle, le duc de Richelieu y fera creuser plusieurs souterrains mais les aura fait combler avant de céder la forteresse au conseiller Le
Gonidec de Tressan. Jusqu'alors, les divers propriétaires des lieux avaient pouvoir de haute, moyenne et basse justice, régnant sur un vaste territoire où les fermages leur
assuraient de bons revenus. Les derniers propriétaires privés seront issus de la famille d'Alès, à partir de 1899. Son ultime châtelain, le vicomte d'Alès, ne pouvant faire face
aux restaurations qu'impliquaient, dès 1930, le classement du château à l'inventaire des monuments historiques, en fera don au département par un acte dressé le 9 avril 1958.
Cette date marquera le début d'une rénovation complète du domaine et de sa pièce maîtresse ainsi que la mise en valeur des jardins, pièces d'eau et cultures en terrasses
descendant jusqu'aux berges du Trieux.
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